Celles et ceux qui n’ont pas anticipé la hausse des prix alors qu’en ce début d’année, la tonne de granulés pouvait encore se toucher à un tarif raisonnable, soit entre 350 et 400€ la palette de 66 sacs de 15kg, doivent aujourd’hui maudire ceux qui se sont rués vers ce nouvel “Or brun” si tôt dans la saison alors qu’on terminait à peine d’écouler les derniers stocks de l’année précédente.
Certains ont en effet eu le nez assez creux pour miser sur une hausse continue des tarifs, quitte à stocker un peu plus que d’ordinaire, car sait-on jamais après un épisode Covid-19 long de près de deux ans et en pleine crise internationale (matières premières & guerre en Ukraine), mieux vaut se montrer prudent. A ceci près que face à l’inquiétude générale sur la disponibilité et le coût des énergies, les comportements d’achat se sont un peu trop emballés, les discours étant devenus sans doute plus spéculatifs que la réalité.
On entend ici et là que les producteurs bloqueraient intentionnellement des volumes de granulé pour faire monter les prix. Nous n’avons pas les moyens de le vérifier mais il est clair que dans toutes crises, naissent des opportunités à saisir, certains acteurs en profitent certainement pour accentuer la portée du phénomène.
Devons-nous néanmoins nous contenter de cette explication ?
Il existe toute de même des raisons objectives pour expliquer la hausse des prix du granulé. Là où historiquement l’approvisionnement avait lieu généralement entre juin et novembre, il s’est fait cette année plutôt entre février et juin. La production s’étalant elle sur 12 mois (7 à 10% par mois), il s’est créé mécaniquement un décalage important entre offre et demande. Face à cela, on a entendu parler un peu partout de « pénuries », un phénomène qui accentue la pression de la demande, occasionnant anticipation et parfois même surstockage.
Propellet estime que la demande du marché est plus de 2 fois supérieure à celle de l’an dernier alors que la consommation effective ne devrait croître que de 12 à 13 %. Pour pallier au phénomène, certains producteurs touchés par la baisse de la demande de bois dans le BTP ont été amenés à importer de la sciure de bois dont les cours ont dans le même temps été multipliés par 2 (voire par 4). Les emballages, l’électricité (multiplié par 14) pour la production de granulés et le carburant pour son transport (+ 30%) contribuent également à l’augmenter générale des tarifs.
Par ailleurs, si la France est dans un modèle presque autosuffisant (les importations ne pesant « que » sur 15% de la consommation), ce n’est pas le cas d’autres pays comme l’Italie (pourtant grand pays de fabricants de poêle à granulés), qui ne produit que 13% de sa consommation évaluée à près de 3 millions de tonnes selon Propellet. D’autres, comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, ou la Belgique intensifient l’usage de centrales électriques au granulé face au prix élevé du gaz. Or, l’Europe connait dans le même temps de fortes tensions puisque 10% de sa consommation est importée de Russie ou d’Ukraine et manque à l’appel. Ceci alors que le marché croît de 5 à 10% par an.
Sur un marché globalisé, c’est l’ensemble de ces phénomènes qui concourent à l’augmentation des prix du sac de granulé avoisinent les 10/12€ actuellement et le facteur spéculation des distributeurs y contribue sans doute pour une partie.
Nous restons optimistes pour les années à venir et pensons qu’une baisse pourra raisonnablement être envisagée quand les comportements se seront assainis même s’il nous parait assez peu probable de miser sur un retour sous les 400€ la tonne l’année prochaine.